Aram Belhadj, universitaire et économiste : «Les prévisions du FMI ne sont pas rassurantes»

Commentant les dernières prévisions du Fonds monétaire international publiées le 15 octobre 2019, l’universitaire et économiste Aram Belhadj indique que les nouvelles prévisions du FMI ne sont pas rassurantes, non seulement pour la Tunisie, mais également pour l’économie mondiale

D’après l’universitaire, la Tunisie, économie très ouverte, sera très probablement touchée par ce qui se passe à l’échelle internationale, en commençant par la guerre commerciale et technologique entre les Etats-Unis et la Chine, en passant par le ralentissement de la croissance en Europe et en arrivant aux risques de crise du système financier mondial. «La revue à la baisse de notre croissance économique en 2019 (1,5% seulement), contre 2,5% en 2018 et 2,4% en 2020 devra nous alerter et nous pousser à réfléchir sur les politiques économiques à mettre en œuvre afin d’éviter une détérioration encore plus grave de la situation», précise Belhadj, dans une déclaration accordée à La Presse.

L’universitaire ajoute que le nouveau gouvernement devra, à cet égard, commencer un travail de fond qui permettra à l’économie nationale de sortir des sentiers battus. «Notre économie ne devra plus attendre une récolte agricole exceptionnelle ou une saison touristique prometteuse pour espérer une croissance solide. Des politiques sectorielles devront se mettre en place (modernisation du secteur agricole, diversification de l’offre touristique, mise à niveau industrielle et nouvelles stratégies d’intégration dans les chaînes de valeurs régionales et mondiales…) afin de garantir un rythme accéléré de création de richesses. En outre, des réformes devront être engagées (administration, fiscalité, lutte contre la corruption, PPP…) permettant d’améliorer le climat des affaires et d’attirer les investissements domestiques et étrangers, ô combien nécessaires pour une économie en transition ! », souligne-t-il.

Pour rappel, dans son dernier rapport sur les Perspectives économiques mondiales (PEM), le FMI prévoit qu’en 2019, le taux de croissance en Tunisie ne dépasserait pas 1,5%, contre 2,5% en 2018. Cependant, dans les années à venir, l’institution basée à Washington prévoit une meilleure croissance économique en Tunisie avec un taux de croissance qui devrait atteindre 2,4% en 2020, pour se situer à 4,4% en 2024, misant sur le fait que le taux d’inflation serait d’une tendance baissière, passant de 6,6% en 2019 à 5,4% en 2020 et 4% en 2024.

Le FMI a, par ailleurs, revu à la baisse la croissance du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord de 1,2 point à 0,1% cette année. Les prévisions ont également été abaissées pour le Maroc, le Liban et le Soudan, mais maintenues pour l’Egypte, dont la croissance est prévue à 5,5%, et la Jordanie à 2,2%.

A l’échelle internationale, le FMI a livré des prévisions mondiales pessimistes pour 2019 et 2020. L’institution financière prévoit une croissance mondiale de 3,0 % en 2019, ce qui constitue le niveau le plus bas depuis 2008–2009 et une révision à la baisse de 0,3 point par rapport aux perspectives de l’économie mondiale d’avril 2019. La croissance devrait accélérer pour atteindre 3,4 % en 2020 (soit une révision à la baisse de 0,2 point par rapport à avril), sous l’effet principalement d’une amélioration attendue des résultats économiques dans un certain nombre de pays émergents soumis à des tensions macroéconomiques en Amérique latine, au Moyen-Orient et dans le groupe des pays émergents et pays en développement d’Europe. Cependant, compte tenu des incertitudes entourant les perspectives de certains de ces pays, du ralentissement prévu en Chine et aux Etats-Unis, et des risques de dégradation considérables, il est tout à fait envisageable que l’activité mondiale adopte un rythme bien plus modeste.

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